Difficile de parler de joaillerie contemporaine sans faire une incursion dans l’univers déjanté de Wallace Chan. Or je réalise que, si je l’ai déjà évoqué, notamment lors de l’article sur ma visite de la Biennale 2014 au Grand Palais, je ne me suis jamais arrêtée sur ce prodige de la joaillerie chinoise.
Originaire de Hong-Kong, Wallace Chan s’est d’abord orienté dans la sculpture et dans l’étude des pierres. Après 20 ans passés comme sculptueur, il décide de voyager à travers l’Europe. Il apprend alors à maîtriser les techniques du camée et de l’intaille, avant de lancer, dans les années 80, le « Wallace Cut », une image taillée, utilisant les techniques du camée, de l’intaille et de la taille de pierres. Une technique innovante, qui donne un rendu « holographique » à ses créations. A ce moment, sa carrière prend un tournant qui le verra se consacrer à la taille de pierres précieuses et au bijou.
Après une « parenthèse bouddhiste », qui le verra réaliser des sculptures monumentales pour divers monastères de 1996 à 2000, il revient à la taille de pierres et à la haute joaillerie. Il étudie alors non seulement la taille, mais la structure, la lumière, la composition, la couleur des pierres et des matériaux etc. C’est à BaselWorld 2007 que sera dévoilé le fruit de ses recherches, une joaillerie en titane, ce métal devenant une des pièces maîtresses de ses collections.
Pour en avoir vu de mes yeux, je confirme que sa technique est assez extraordinaire, donnant des reflets « scarabée » au métal, ou l’impression de sa fusion imminente. Le spectacle est simplement majestueux.
Cet amoureux de la nature lui rend très souvent hommage à travers ses créations, et sa virtuosité, alliée à une imagination débridée et à une parfaite maîtrise technique, rendent ses créations à la fois poétiques et exaltées. Tantôt inquiétants,tantôt euphoriques, ses bijoux sont à chaque fois des prouesses et, j’imagine, des défis pour tous les créateurs de haute joaillerie.
Comme tous les créateurs, il a aussi des détracteurs, ce qui n’est pas mon cas, vous l’aurez compris. Je trouve pour ma part ses réalisations époustouflantes et surtout inspirantes, vivantes, vibrantes, colorées, joyeuses. La haute joaillerie avait peut-être besoin d’un personnage comme celui-là pour entrer dans le 21ème siècle.